Découvrir le métier de sellier harnacheur

sellier harnacheur
Bonjour Audrey et merci d'accepter de répondre à nos questions sur le métier de sellier Harnacheur. Pouvez-vous nous dire depuis combien de temps vous exercez ce métier et quelle a été votre formation ?
 
Bonjour Carine, merci à vous de vous intéresser à ce beau métier !
 
J'exerce le métier de Sellière-Harnacheuse depuis le 01/03/2021, date à laquelle j'ai créé mon entreprise, ANTÉLIA, située à Dieulouard (Grand-Est, 54). J'ai le statut d'Artisane, car je possède le CAP Sellier-Harnacheur (mais ce statut peut être confirmé par la CMA (Chambre des Métiers et de l'Artisanat) si on justifie de 3 années d'expérience professionnelle dans le métier). J'ai également une demande en cours pour être reconnue Artisane d'Art.
 
J'ai effectué ma formation chez la Sellerie TARTAUD, à Lunel (34). Le centre de formation a depuis déménagé à Marsillargues (34). Yves TARTAUD, le formateur, est Maître Sellier, et sa femme, Cécile TARTAUD, est ostéopathe et intervient lors de cours théoriques, notamment sur la morphologie du cheval. J'ai suivi la formation avec passage du CAP Sellier-Harnacheur, que j'ai obtenu en 06/2020. J'ai ensuite enchaîné sur une spécialisation en selle d'équitation anglaise. La Sellerie Tartaud propose également une spécialisation en harnais d'attelage, mais je ne l'ai pas faite.
 
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Comment en êtes vous arrivée à choisir ce métier ?
Je ne me retrouvais plus dans le poste que j'occupais en tant que salariée (travail administratif), j'ai donc envisagé une reconversion professionnelle. J'ai cherché dans quels domaines je m'épanouissais, et étant cavalière depuis plus de 20 ans, c'est assez naturellement que je me suis dirigée vers les métiers autour du cheval. J'avais pris contact il y a quelques années avec un formateur installé près d'Évian, mais je n'avais pu faire la formation à l'époque.
J'ai pris rendez-vous avec une conseillère via Mon Compte Formation, elle faisait partie d'un organisme appelé à l'époque Fongecif (maintenant Transition Pro). En parallèle, j'ai cherché les différentes formations au métier de Sellier-Harnacheur, sur toute la France, j'ai pris contact avec elles afin de voir leur programme, le coût, etc. J'ai rencontré Yves et Cécile TARTAUD, ils m'ont fait visiter le centre de formation, on a discuté de notre manière de voir l'équitation, le monde équestre, c'était un échange très agréable. En repartant, je savais que c'était ce que je voulais faire ! J'ai déposé un dossier de demande de financement, et tout s'est fait naturellement par la suite.
 
Quelles sont les différents types de formations pour devenir sellier harnacheur ?
Il n'y a pas besoin d'un diplôme pour pouvoir exercer en tant que Sellier-Harnacheur. Mais cependant, pour moi, il est très important de se former aux différentes techniques du travail du cuir, dès lors que nos articles sont en contact direct avec des animaux ou des personnes. Le confort et la sécurité priment sur l'esthétisme ! Que l'on passe le CAP, ou que l'on se forme auprès d'un Sellier-Harnacheur, peu importe, mais il y a des notions non négligeables à prendre en compte.
Les formations qui donnent sur un CAP peuvent être dispensées en AFPA, en centre de formation comme celui où j'ai étudié, ou même auprès d'un Sellier-Harnacheur avec une présentation en candidat libre. Le CAP prépare pour travailler en tant que salarié. Si votre objectif est de vous installer, visez les centres de formation ou formateurs qui iront pousser la réflexion, un peu au-delà de ce que demande le CAP.
 
Combien de temps dure la formation ?
Le temps de formation dépend vraiment de chaque centre, de leur programme. Mais la préparation au CAP Sellier-Harnacheur s'étale en général plus ou moins sur une année scolaire. La mienne a duré 6 mois, de fin novembre à fin mai. La spécialisation en selle d'équitation anglaise s'est déroulée sur 2,5 mois.
 
Peut-on envisager une reconversion vers ce métier à mi-parcours dans une vie professionnelle ?
Totalement ! J'ai fait ma reconversion professionnelle à 29 ans, après un diplôme BAC + 2, et 10 ans de salariat. Des personnes plus avancées dans leur carrière ont choisi également de tout changer et d'apprendre ce métier, il n'y a pas de règle.
 
 
Quelles sont, selon vous, les qualités requises pour exercer ce métier ?
Pour moi, il est essentiel d'être passionné ! Surtout si on s'installe à son compte. Il faut aimer travailler de ses mains, aimer voir une matière brute se transformer en un article utile, et même en une pièce d'art ! Il faut être minutieux, soucieux du confort du cheval et du cavalier, savoir se remettre sans cesse en question, être curieux, avoir envie d'apprendre, d'échanger, de partager. C'est un métier où l'on est amené à travailler seul, mais il y a un bon esprit d'entraide et de partage. Je trouve souvent réponse à mes questions, auprès de Selliers plus expérimentés, et j'essaye d'aider quand je le peux en retour.
 
Doit-on monter à cheval pour exercer ce métier ?
Je pense qu'il est important de connaître le monde équestre, et de savoir monter un minimum. Il n'y a pas besoin d'un galop 7, mais il faut savoir manipuler un cheval, être à l'aise en sa présence, pour les prises de mesure par exemple. Être cavalier nous aide dans la réflexion autour de la biomécanique du cheval, dans le positionnement et l'utilisation de l'équipement. Ça c'est valable quand on est installé. Pour travailler en tant que salarié, ce n'est pas obligatoire, mais je pense que c'est un plus tout de même, ne serait-ce que pour comprendre sur quoi on travaille. ;-)
 
Quels sont les modes d'exercices lorsqu'on débute ? Est-on salarié ou exerce-t-on à son compte ?
Cela dépend de l'envie de chacun. Le CAP prépare aux techniques du travail du cuir, et à les appliquer selon un poste de travail précis (par exemple, ne travailler que sur les quartiers de selle). Il y a une partie pratique, et une partie théorique, autour du métier de Sellier-Harnacheur, du tannage, du cheval. À l'examen pratique du CAP, un sujet est donné, avec des instructions, il faut reproduire ce qui est demandé. Il n'y a pas de cours de gestion, de comptabilité, ou autre domaine pour l'installation à son compte. Mais comme précisé plus haut, il ne faut pas hésiter à se renseigner auprès des différents formateurs, et choisir celui qui se rapproche le plus de son projet de carrière.
 
Est-ce qu'il y a de nombreux débouchés professionnels ?
Il est possible de s'installer, mais si on ne s'en sent pas capable de suite, que l'on veut déjà se faire la main, ou tout simplement que l'on ne veut pas s'installer, on peut travailler en tant que salarié pour un Sellier à son compte, ou plus facilement, pour une marque d'équipement équestre. Pour ce dernier choix, il faut accepter de déménager, car certaines régions sont malheureusement dépourvues de postes. Pour moi il y a des débouchés et du travail, mais il faut savoir être mobile si on ne réside pas au bon endroit.
 
A quel salaire peut prétendre un jeune sellier harnacheur et quelle évolution peut-il espérer ?
Sur ce point je ne peux malheureusement pas vous répondre, m'étant installée directement après la fin de ma formation. Je pense que cela dépend de l'employeur, du poste en lui-même, etc...
 
Peut-on exercer dans n'importe quelle région ?
Comme indiqué plus haut, pour trouver un emploi salarié il n'y a pas le choix que d'être mobile, ou alors de résider déjà là où les employeurs/ateliers sont situés. Si on s'installe à son compte, sur le principe je répondrai oui. Mais comme tout projet de création d'entreprise, il faut effectuer une étude de marché. Certaines régions ont beaucoup de Selliers-Harnacheurs, tandis que d'autres en manquent.
 
Quels sont, selon-vous, les bons côtés et les moins bons côtés de votre métier ?
Parmis les bons côtés, créer un article en partant d'une peau est pour moi l'un des meilleurs ! Visualiser, dessiner, couper, abat-carrer, parer, teinter, poncer, trouer, coudre, et bichonner. La relation avec mes clients est très importante pour moi car ils s'adressent à moi pour des créations personnalisées et sur-mesure. C'est un réel bonheur de voir leur joie quand ils reçoivent leur commande ! Le bon côté également c'est que je peux laisser libre cours à mon imagination, ma créativité, mes clients me font confiance. Mon métier est très varié, je fais rarement la même chose, et ça c'est une chance incroyable !
Les moins bons côtés c'est qu'il est facile de se blesser ou de se faire mal. Il y a des gestes de sécurité à avoir, et des positions à tenir pour éviter de se faire mal au dos par exemple. Certaines tâches sont répétitives, mais c'est le jeu. Je mets un peu de musique en fond, ou une série, ça m'aide lors des mes nombreuses heures de couture à la main ou de teinture de tranche. Netflix et Spotify sont de très bons compagnons de travail ah ha !
 
 
Merci beaucoup pour votre participation !
 
Merci à vous !
 
 
Article publié le 11 avril 2022