L'explication du cheval qui trébuche selon Eugénie Cottereau, ergonome équestre

cheval qui trébuche
Aujourd'hui, Cheval Référence interview Eugénie Cottereau, 34 ans, dirigeante de la société Ergonomie Equestre. Cette société propose des prestations en saddle fitting et bit fitting via un réseau d’experts dans plusieurs régions en France. Eugénie est spécialisée dans l’ergonomie de la selle, a sellé des centaines de chevaux et de cavaliers depuis 10 ans, du couple débutant aux champions nationaux et ce, dans plusieurs disciplines. Elle est également formatrice professionnelle en ergonomie du matériel d’équitation depuis maintenant 4 ans.
 
Bonjour Eugenie, pourriez-vous nous dire pour quelles raisons un cheval trébuche en général ? 
 
Un cheval qui trébuche est un cheval dont l’équilibre est contrarié. L’équilibre est la résultante d’un nombre de facteurs à la fois propres au cheval et extérieurs à lui. L’oreille interne, la proprioception, les connexions nerveuses sont des exemples de facteurs propres. Les facteurs externes ayant un impact sur son équilibre sont par exemple le terrain, le harnachement ou le poids du cavalier. Quand on se rend compte que son cheval a un côté « Gaston Lagaffe », il faut observer le cheval dans son environnement et essayer de déterminer s’il trébuche déjà sans son cavalier ou seulement quand il est monté.
 
Mon cheval trébuche, à quel moment dois-je m'inquiéter et chercher à en identifier la cause ?
 
Un cheval qui trébuche de façon anarchique, quel que soit le terrain et sans cause réelle identifiée doit absolument faire l’objet d’une consultation vétérinaire par un spécialiste en locomotion et pathologies neurologiques. Ces chevaux peuvent être touchés par des syndromes tels que l’ataxie, qui les rendent dangereux à la monte. Il faut ensuite essayer de déterminer si le cheval trébuche systématiquement du même membre, ou si cela peut intervenir de n’importe quel membre. Si c’est toujours le même membre, ce peut être le signe d’un blocage ostéopathique, d’une épaule ou d’une hanche ; ou encore un problème de pied ou de ferrure (un pied trop serré dans un fer, typiquement).
 
Quand c’est aléatoire, mais qu’il n’y a pas de cause neuro identifiée, ça peut être un problème proprioceptif. La proprioception, c’est la conscience qu’un individu a de son corps dans l’espace, et la capacité à effectuer volontairement des gestes différents avec plusieurs parties de son corps à la fois. Or, certains chevaux, ceux dont on dit souvent qu’ils sont introvertis, peuvent avoir tendance à être «  dans la lune ». Et donc, ils ne font pas très attention à l’endroit où ils posent leurs pieds. On peut les aider à améliorer leur proprioception en les mettant pieds nus (s’ils ont une qualité de pied et un environnement qui le tolère), mais aussi en les travaillant avec des dispositifs de barres au sol ou des équipements de conscience corporelle.
 
Comment y remédier en fonction de la cause identifiée ?
 
Si le problème est amélioré hors monte mais reste problématique lorsque le cheval est monté, le harnachement peut être mis en cause. L’équilibre du cheval sous la selle peut être impacté par l’inadaptation d’un mors ou d’une selle, qui reposent sur des points déterminants de l’équilibre du corps du cheval (langue, nuque, dos, sternum…) Une selle trop étroite d’une taille au garrot pour le cheval restreint ainsi considérablement l’amplitude de ses antérieurs : le cheval, perdant en aisance de mouvement, est ainsi plus sujet à trébucher et ou à « s’emmêler les pinceaux ». Enfin, si tous les points sont identifiés et qu’on fait tout ce qu’on peut pour aider son cheval mais qu’il continue à trébucher quand il est monté, c’est probablement que le cavalier doit travailler sur lui. En effet, comment le cheval peut-il être en équilibre si le cavalier ne l’est pas ? Le cavalier devra alors d’une part comprendre son fonctionnement propre, et voir en quoi son équipement (bottes, étriers, selle) l’aide ou le contrarie dans sa pratique, en s’entourant à la fois d’un enseignant spécialisé dans l’analyse et le travail de la posture à cheval, et d’un ergonome ou d’un sellier compétent.
 
Merci Eugénie ! 
 
Article publié le 31 mars 2021