Interview de Denis Pujos, conseil en alimentation équine et chef de piste, ancien formateur au CFA d'YVETOT en tant que zootechnicien équin et en tant qu'instructeur
Pour quelle raison en fait-on appel à un nutritionniste équin ?
Une écurie fait appel à un nutritionniste lorsqu'elle se rend compte qu'un ou plusieurs chevaux ont un problème d'état corporel (poids différents ou baisse de forme par exemple). Le vétérinaire est le premier réflexe mais le nutritionniste peut venir en complément pour prodiguer des conseils plus spécialisés. Le personnel des écuries a reçu peu de formation et a peu de connaissances en alimentation équine alors que c'est un facteur important pour le bien-être, la santé et la performance d'un cheval. Bien nourrir un cheval ce n'est pas simple, associer les connaissances théoriques et pratiques sont indispensables pour obtenir le meilleur équilibre alimentaire du cheval. En outre, même si ce n'est pas la raison première qui pousse les écuries à faire appel à nos services, on peut souligner qu'une écurie peut réaliser de réelles économies à distribuer de façon précise l'aliment à ses chevaux.
Quelles sont les écuries qui font ou ont fait appel à vos services ?
Pour l'instant je travaille uniquement avec des centres de formation et des écuries de concours (notamment de CSO). Les grandes écuries de sport font régulièrement appel à des nutritionnistes, c'est notamment très développé dans le monde des courses dans lequel le poids du cheval est très surveillé. Il y a des vétérinaires spécialistes en nutrition équine, je pense notamment à Charles Barré, qui interviennent régulièrement dans les grandes écuries de course et dans les élevages. Les nutritionnistes sont également sollicités dans le milieu de l'endurance.
Que faites-vous lorsque vous intervenez dans une écurie pour la première fois ?
Dans un premier temps on échange sur les pratiques alimentaires, je fais une sorte d'« audit » sur ce qui est distribué, sur son état général (poil, état musculaire, état corporel), le mode de distribution des aliments, on pèse les quantités de fourrage et de concentrés. Ensuite, je pèse les chevaux. On identifie alors les besoins de chaque cheval en tenant compte de l'âge et de son activité. A ce moment-là on peut commencer à établir des rations et à les ajuster. Un accompagnement est également réalisé dans la transition alimentaire.
Comment déterminer si un cheval est à son poids de forme ?
Une pesée à un instant T ne suffit pas. Il faut plusieurs pesées pour établir un poids de forme, au moins trois-quatre tout en tenant compte de la période d’entraînement et de compétition. Évidemment on regarde son état corporel, son harmonie musculaire en ayant écarté dans un premier temps l'aspect pathologique avec l'aide du vétérinaire, un échange est réalisé également avec le commercial de l’aliment.
Qu'est-ce que cela implique en termes de performances qu'un cheval ne soit pas à son poids optimal ?
Les problèmes d'état ont surtout des conséquences sur le long terme. Je pense notamment à des conséquences sur le système ostéo-articulaire, cardio-vasculaire ou à des pathologies telles que la fourbure. En outre, on risque de surcharger le foie et le rein ce qui peut entraîner une plus grande fatigue pour le cheval et donc des performances moindres en compétition.
Quelle formation conseillez-vous à un jeune qui souhaiterait s'orienter vers ce métier ?
Pour devenir nutritionniste il faut faire des études vétérinaires ou devenir ingénieur agronome et se spécialiser dans la nutrition équine. Il y a également la possibilité de faire un bac +2 en tant que zootechnicien comme j'ai fait et continuer à s’informer, actualiser ses connaissances en assistant à des formations régulièrement car la recherche avance et on connaît de mieux en mieux le système digestif du cheval.